En près de deux décennies, les fonctions supports ont connu une transformation constante. Digital, RH 2.0, DSN, prélèvement à la source ou encore clarification du bulletin de paie continue d’impacter les ressources humaines.  Cette révolution a conduit les entreprises à mettre en place des outils dématérialisant, le gestionnaire de paie n’y échappe pas.

Ces dernières années, la paie a connue des évolutions majeures destinées à la simplifier. Dématérialisation du bulletin de paie en 2009, mise en place de la DSN (Déclaration sociale nominative) depuis le 1er juillet 2016, bulletin de paie simplifié, sans oublier le prélèvement à la source obligatoire dès 2019. Autant de règlements destinés à faciliter le transfert vers le tout numérique. Pour le législateur, cette dématérialisation massive est destinée à conduire vers davantage de transparence et sécurité ainsi qu’une simplification pour les collaborateurs.

La paie digitalisée :  Nécessité ou réel atout ?

Si pour le législateur pas de doutes sur la question, pour les salariés le doute subsiste. Toucher le salaire équivaut à s’en prendre au cerveau reptilien. La méfiance des salariés vis-à-vis de tout changement associé à la paie est profondément ancré dans la culture française tout comme la discrétion sur sa rémunération. « Pour vivre heureux, vivons caché », c’est un peu la devise du salarié français. Le manque de confidentialité et un risque trop important en matière de sécurité sont les causes de la défiance vis-à-vis du bulletin de paie électronique. Toutefois le gestionnaire de paie se doit de gagner en performance et en fiabilité. La digitalisation doit lui permettre d’atteindre cet objectif.

« Au niveau des améliorations, la digitalisation a permis de faire beaucoup moins de saisie manuelle. Désormais il nous faut davantage de compétences/expertises métiers techniques. Par exemple, le métier d’opérateur de saisies n’existe plus. Aujourd’hui le gestionnaire de paie est un véritable expert métier et solutions de paie – de dématérialisation – de décisionnel RH, il doit être capable de tout maîtriser et apporter des réponses précises (obligations légales/conventionnelles) au cas par cas aux clients. Le métier reste complexe, il est tributaire des différents changements de lois par le gouvernement avec les deadlines qui s’en suivent, il faut donc être toujours en veille sur ces nouveautés. »

Stéphanie HELIE, Directrice d’Agence Univers Paie Caen

Le numérique redéfini le poste du gestionnaire de paie

Tout est loin d’être noir pour autant, les logiciels de gestion de paie suffisamment performants sont capables d’intégrer rapidement les différents règlements qui se succèdent. Ils sont un véritable support avec des outils décisionnel mettant en exergue des possibles anomalies tels que les contrôleurs Paie et DSN notamment et représentent un gain de temps colossal pour le gestionnaire de paie et une fiabilisation des paies. Les cartes sont ainsi redistribuées, grâce à toutes ces évolutions le gestionnaire devient un expert à part entière. Il peut davantage se consacrer à la création d’outils et de services d’externalisation de la paie destinées à faciliter le travail des RH, sécuriser les process et à mieux contrôler. Il se place en pilote de la digitalisation de la fonction. Son rôle de communiquant en interne en sort également renforcé. Si l’on prend l’exemple du prélèvement à la source qui sera effectif en Janvier 2019. Le taux individuel sera calculé par le fisc au second semestre 2018 sur la base de la déclaration des revenus 2017. Le taux sera ensuite indiqué sur l’avis d’imposition adressé à l’été 2018. Si la personne ne déclare pas de revenus en 2017, le fisc s’appuie sur les revenus 2016. Le prélèvement à la source s’applique sur un taux par défaut si une personne n’a pas déclaré de revenus en 2017 et 2016. Le gestionnaire doit être celui qui informe et explique aux collaborateurs de ce qu’il en est.

Qu’en est-il de la confidentialité de mes données ? Comment l’entreprise va-t-elle assurer la transition ? Ces inquiétudes doivent être traitées par le gestionnaire de paie en mettant en exergue le respect de la RGPD « loi européenne sur la protection des données individuelles » par le service paie de l’entreprise ou du prestataire.  Enfin, ses nouvelles prérogatives lui permettent d’accompagner les recruteurs. Sa maitrise des logiciels fait de lui l’analyste des compétences techniques les plus recherchées au sein de l’entreprise.